Abstract
Les articles qui composent ce volume se proposent d’identifier et de décrire des « spécificités francophones » dans des champs disciplinaires différents. L’hypothèse de départ de ce parcours de recherche et de confrontation est que les développements, les rencontres, les chocs, les métissages qui ont caractérisé l’histoire de ce contexte linguistique et culturel, pourtant si varié, ont laissé des traces communes, reconnaissables et fécondes, qui s’expriment par une attention particulièrement vive aux problématiques de l’interculturel et de l’interdisciplinarité. C’est à partir de ce questionnement qu’à Rome, en novembre 2018, a eu lieu un colloque international qui, en prenant le relais d’un colloque précèdent à Rome et à Bordeaux dont les résultats ont été publiés dans la collection “Le Ragioni di Erasmus”, volume 3, et en poursuivant aussi les activités de recherche du groupe RUIPI (Réseau Universitaire International Pour l’Interculturel), a proposé quelques sujets de réflexion ultérieurs. Les dix contributions qui sont présentées dans ce volume s’organisent autour de trois aspects majeurs à l’égard desquels l’espace francophone semblerait revendiquer des spécificités et parfois des propositions innovantes. D’abord une grande attention aux problématiques linguistiques et de l’éducation, sujets sur lesquels portent l’article d’Argyro Proscolli (Université nationale et capodistrienne d’Athènes) et Stélios Markantonakis (Éducation nationale en FLE, en Grèce), ainsi que celui de Marie Geneviève Prunier (Centre de Formation Pédagogique d’Aquitaine). La littérature, en tant qu’occasion privilégiée de productions langagières et symboliques complexes ainsi que patrimoine partagé d’images, de valeurs et de représentations du monde, est le deuxième aspect clé autour duquel convergent les propos des auteurs de cette publication. Dans son article Littérature, mélange, identité, que l’on pourrait considérer comme liminaire à toute autre considération, Philippe Hamon (professeur émérite à l’Université de la Sorbonne nouvelle) montre comment les notions de mélange et d’hybridité sont fondamentales dans le fonctionnent du texte littéraire et que, finalement, toute littérature est polyglossie. C’est ce qui est montré dans les articles de Seza Yılancıoglu (Université Galatasaray, Istanbul) et de Hind Lahmami (Moulay Ismail University of Meknes, Maroc) à propos de l’écriture de Nina Bouraoui et d’autres auteurs des littératures francophones au Maghreb. Il est possible d’identifier des « spécificités francophones », aussi, dans l’approche scientifique d’autres disciplines, qui ne sont pas forcément liées aux discours linguistiques ni littéraires. C’est ce qui fait l’objet des interrogations des articles de la troisième partie de ce volume, à savoir les réflexions de Dominique Glaymann (Centre Pierre Naville, Université d’Evry, Univ. Paris-Saclay), de Francesco Pompeo (Université Roma Tre), de Gaëtan Flocco et Mélanie Guyonvarch (Centre Pierre Naville, Université d’Evry, Univ. Paris-Saclay), de Véronique Vassal (Institut Catholique de Paris), de Yamina Bettahar (Université de Lorraine, Archives Henri Poincaré) portant respectivement sur la sociologie, l’anthropologie, les biotechnologies, l’archéologie, les mathématiques, toujours dans une perspective interdisciplinaire et interculturelle d’inspiration francophone. Quatre poèmes de Sara Concato sont insérés dans ce volume, intercalés entre les articles. La sensibilité et la compétence (entre autres, interculturelles et interlinguistiques), de cette autrice se manifestent, comme décantées, en poésie, images pures et prégnantes qui se gravent dans l’âme et qui enrichissent d’une épaisseur plus intime nos réflexions.